l'Armée de Terre est une histoire de famille...
En ayant un grand-père tombé au champ d'honneur et ma maman qui porte un treillis depuis ses 19 ans, entrer dans l'Armée de Terre était une évidence.
J'ai commencé ma vie dans l'institution en entrant dès la 6ème au collège militaire d'Autun.
Et aujourd'hui, 23 ans après, je ne regrette pas le choix d'avoir enfilé mon 1er treillis, bleu marine, à 11 ans.
A 16 ans, au bord de la plage, la question qui est à l'origine de mon métier tournait en boucle : "Pourquoi les nuages se forment-ils et bougent-ils comme cela?"
Comme je voulais en savoir plus, le métier de météorologue était le meilleur choix mais il fallait qu'il se combine avec mon désir de servir mon pays.
Ma mère m'a accompagné au CIRFA afin que je trouve ma voie.
J'ai eu la chance d'avoir un recruteur qui a su me comprendre et m'orienter vers le métier de météorologue prévisionniste dans l'ALAT (l'aviation légère de l'Armée de Terre).
Avec un BAC scientifique en poche, j'ai passé les tests de recrutement sous-officier au CSO avec un test d'anglais, puis les tests de recrutement de spécialité ALAT (en juillet 2005).
Un passage en VDAT (volontaire de l'Armée de Terre) de 3 mois, puis j'ai intégré l'ENSOA en mai 2006 jusqu'en décembre 2006.
Ma formation de météorologue s'est déroulée à l'ENM (école nationale de la météorologie) de janvier à novembre 2007... mais le cursus scolaire a changé, il dure maintenant 18 mois.
Ma formation a été complétée par un an de parrainage au sein de la station météo d'une base ALAT.
Je briefe les pilotes avant leur vol !
La vie de météorologue signifie se lever tôt. Il faut que tout soit prêt avant le premier décollage !
La prévision météo demande au moins 45 minutes de préparation pour un météorologue expérimenté et jusqu'à 2 heures pour un jeune prévisionniste.
Il faut analyser la situation météo dans sa globalité et pas uniquement sur la région ou la ville concernée.
Il est nécessaire de regarder tout ce qui se passe entre la tropopause (couche limite dans l'atmosphère à environ 11 km d'altitude à nos latitudes) et le sol pour comprendre le pourquoi du comment et être capable d'interpréter au mieux le temps qu'il va faire. Car il faut savoir ce qu'il va arriver dans les heures à venir.
Être météorologue nécessite de comprendre pourquoi l'atmosphère réagit comme il le fait mais aussi de comprendre comment cela va impacter le temps qu'il va faire.
Les pilotes ont besoin d'avoir une situation la plus précise possible pour préparer leur mission : l'épaisseur de la couche nuageuse, la nature des nuages, la hauteur de la base des nuages, la direction et la force du vent, la température mais aussi les phénomènes dangereux tels que le brouillard, les rafales de vent ou les orages et la grêle.
On prépare une coupe météo journalière qui présente tous ces éléments pour les activités classiques du régiment puis on est à la disposition des pilotes pour la préparation des missions particulières. Car voler autour du régiment demande une préparation différente pour eux comme pour nous, météorologues, que traverser la France.
Avoir un métier de soutien mais être écoutée !
Pour décoller un pilote doit préparer sa mission et connaître la situation météo fait partie de cette préparation.
La spécialité de météorologue est intégrée dans le contrôle local d'aérodrome avec les contrôleurs aériens et les pompiers. Nous sommes une spécialité de soutien, nous ne prenons pas la décision de décollage ou non d'un aéronef "le GO/ NO GO" comme on dit dans l'aéro, mais notre avis est indispensable pour que cette décision soit prise.
Un pilote, dans la majorité des cas, écoutera l'avis du spécialiste quitte à devoir modifier son itinéraire, son heure de décollage ou carrément annuler sa mission.
Mais certaines fois les contraintes opérationnelles sont plus importantes et c'est au météorologue de s'adapter : de trouver le bon créneau, le bon itinéraire, "le trou de souris" pour que l'aéronef passe et que l'équipage puisse remplir sa mission.
Être attentif, tenace et curieux !
La spécialité de météorologue n'est pas faite que de satisfaction, nous avons tous eu des déconvenues : la météo n'est pas une science exacte et on ne peut pas contrôler l'atmosphère.
Mais il est nécessaire de toujours se demander "Pourquoi cela s'est passé comme ça et pas comme je l'avais prévu?"
Il est nécessaire de rester attentif, tenace et curieux.
Demander de l'aide sur une situation météo compliquée ne sera jamais perçu comme une faiblesse par les autres météorologues !
Il vaut mieux avoir des doutes et en discuter ensemble que faire prendre des risques aux équipages !
Car après une prévision, c'est bien la sécurité des équipages et des aéronefs qui est en jeu.
Il faut toujours avoir à l'esprit LA SÉCURITÉ DES VOLS !
Et de l'autre côté, lorsque dans une situation météo compliquée, la mission se déroule bien, on sait qu'on y est pour quelque chose même si c'est naturel pour nos interlocuteurs.
Les pilotes nous diront régulièrement si nous avons fait des erreurs mais au contraire, ceux qui nous remercient sont rares.
Être maman et servir mon pays !
La vie de femme comprend certaines spécificités comme être une épouse, une maîtresse de maison et une maman attentive pour ses enfants.
Et rajouter à cela le désir de servir son pays n'est pas toujours simple surtout quand son conjoint est militaire également.
Ma plus grande réussite est que nous ayons, mon mari et moi, réussi à remplir nos engagements militaires en étant des parents accomplis.
Nos 2 enfants n'ont jamais manqué d'amour et nous avons réussi à leur apporter l'équilibre nécessaire malgré les missions, les formations et les opex.